Sunday, October 26, 2008

Catharisme de Wikipedia en Francais

atharisme

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La population expulsée de Carcassonne en 1209[réf. nécessaire].

On appelle « Cathares » (du grec ancien καθαρός / katharós, « pur ») les adeptes d'un mouvement religieux dualiste chrétien médiéval. Le nom a été donné par les ennemis de ce mouvement, jugé hérétique par l'Église catholique et adopté tardivement par les historiens. « Communauté à deux niveaux[1] », les adeptes de ce mouvement se nommaient eux-mêmes « Bons Hommes », « Bonnes Dames » ou « Bons Chrétiens », mais étaient appelés « Parfaits » par l’Inquisition, qui désignait ainsi les « parfaits hérétiques », c’est-à-dire ceux qui avaient reçu le consolamentum, c’est-à-dire l'imposition des mains et faisaient la prédication, par opposition aux simples « fidèles » hérétiques.

Principalement concentré dans le sud de la France, le catharisme subit une violente répression armée à partir de 1208 lors de la croisade contre les Albigeois puis, condamné au IVe concile de Latran en 1215, durant un siècle, la répression judiciaire de l’Inquisition.

Sommaire

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Apparition et diffusion en Europe [modifier]

On a longtemps considéré que la doctrine cathare dérivait du bogomilisme, qui se serait lui même inspiré du paulicianisme. Le bogomilisme prit son essor en Bulgarie, à la fin du Xe siècle. Il s'étendit chez les Serbes et les moines de Constantinople, puis en Asie mineure, développant des thèmes dualistes proche du manichéisme. Le mouvement subsistera en Bosnie, où le bogomilisme aurait été la religion officielle jusqu'à la conquête turque à la fin du XVe siècle. La thèse de filiation directe est aujourd'hui contestée[2], même si les historiens admettent l'existence d'échanges et de convergences des doctrines.

Des communautés hérétiques sont apparues en Europe occidentale vers l'an Mil sous différents noms selon les régions : manichéens, origénistes, piphles, publicains, tisserands, bougres, patarins, albigeois, en Allemagne, en Flandre, en Champagne, en Bourgogne. Ces sectes, qui semblent avoir eu des affinités avec la religion cathare, ont rapidement disparu sans laisser beaucoup de traces; on ignore donc à quel point elles y sont apparentées. En revanche, dans le Midi de la France et en Lombardie, l'hérésie proprement dite s'implanta durablement durant le XIIe et le XIIIe siècles. C'est sans doute également ici qu'elle s'unifia doctrinalement.

Les réactions des autorités civiles ou ecclésiastiques et des populations expliquent cette géographie du catharisme et sa persistance dans le Midi : dans le Nord, on excommunie et on brûle, dans le Midi, on organise des colloques. Selon Michel Roquebert, cette tolérance religieuse est peut être due à une longue cohabitation avec d'autres confessions : arianisme de la période wisigothe, proximité de l’Espagne islamique, présence de nombreux juifs. Quant à l'Italie du Nord, l'implantation du catharisme profite du conflit entre le pape et l'empereur.

C'est dans ces régions que les Bons Hommes se sont organisés en communautés d'hommes ou de femmes dirigées par des anciens, des diacres et des évêques. Ces sectes étaient constituées de plusieurs « maisons ». On y aurait souvent pratiqué des métiers liés à l’artisanat local, et fréquemment le tissage, en référence aux premières communautés chrétiennes. Plusieurs communautés constituaient une Église ou diocèse cathare, à la tête desquels se trouvaient des évêques.

Les Églises cathares [modifier]

Au milieu du XIIe siècle (1167) les Églises cathares étaient au nombre de cinq : Albi, Toulouse, Carcassonne, Agen (Aragnensis) et Épernon en France. Au XIIIe siècle, en 1226 un nouvel évêché fut créé, celui du Razès, la région de Limoux. Ces Églises étaient indépendantes. Elles ne reconnaissent pas d'autorité supérieure à celle de leurs évêques, comme celle du pape pour l'Église romaine. Les maisons de "parfaits" étaient réunies sous l'autorité d'un diacre et chacune dirigée par un ancien ou une prieure. L'évêque était lui-même assisté par un « fils majeur » et un « fils mineur », qui étaient choisis parmi les diacres et qui lui succédaient, le fils mineur remplaçant le fils majeur devenant évêque à la mort de celui-ci, ce qui arrivera fréquemment lorsque la persécution commencera. Les femmes pouvaient obtenir le consolament, et accéder ainsi à la vie de parfait, mais on ne les chargeait pas de tenir le même rôle que les hommes. En effet, elles n'avaient pas la charge de prêcher ou de donner le sacrement ; on ne leur attribuait pas non plus de fonctions hiérarchiques.

Par cette organisation, les cathares ont sans doute cherché à imiter l'Église primitive, telle qu'elle est décrite dans le nouveau testament (à travers les épitres de saint Paul et les Actes des apôtres, principalement).

Doctrine [modifier]

La théologie cathare provient d'un travail de recherche scripturaire, centré sur l'Évangile selon Jean. C'est une interprétation très différente des évangiles de celle de l'Église catholique. Les cathares s'appuient aussi sur de nombreux écrits (Paul, Marcion, Livre des deux principes, rituels, etc.) et s'inspirent de courants de pensée plus anciens (paulinisme, gnosticisme, manichéisme, bogomilisme) tout en gardant, sur bien des points, de notables distances avec ces philosophies ou religions auxquelles le catharisme ne peut être assimilé. En effet, les cathares n'ont jamais parlé de Mani, de Sophia ou des Éons et ont aussi des différences réelles avec les Bogomiles.

Les cathares recherchent le sens originel du message des Écritures. Leur foi se base sur les principes suivants :

  • Dieu, appelé le principe Bon, existe de toute éternité et n'aura pas de fin. Il est parfait et son œuvre est parfaite, inaltérable et éternelle. Il est omniscient et tout puissant dans le Bien.

Dieu est le créateur de ce qui est et ce qu'il n'a pas créé est rien (nihil traduit par néant).

  • Les esprits (appelés anges par simplification) sont de nature divine;
  • Dans le néant est le principe mauvais ou principe du Mal.

Dieu, qui n'a pas de mal en Lui, ne peut connaître ce principe mauvais mais ce dernier ambitionnant d'imiter Dieu est parvenu à détourner une partie des esprits de la création divine.

  • Le principe mauvais a attiré les esprits par force (catharisme absolu) ou par tentation (catharisme mitigé) car il n'a d'existence que pour autant qu'il peut se mêler à la création divine (le Bien).

Cette vision de la constitution de l'univers visible constitue le mythe de la chute du tiers des anges ou, selon les interprétations, de la troisième partie de leur composition (être, âme, corps subtil). Introduits dans des corps charnels fabriqués par Lucifer, ces êtres sont différents de l'âme qui de création maléfique et qui assure la survie du corps charnel.

  • Cette création, issue d'un créateur imparfait et non éternel, est imparfaite et corruptible. Elle a eu un commencement et elle aura une fin.

Celle-ci surviendra quand le Mal s'étendra sur la création et que les esprits auront réussi à s'extraire de leur prison charnelle pour retourner à Dieu. Alors, le Mal ayant perdu les avantages du mélange, redeviendra néant. Le mal est donc vainqueur dans le temps mais, son accomplissement constitue sa perte. Il est donc vaincu dans l'éternité.

Les deux principes ne sont donc pas de même nature et de même puissance.

Le Christ, fils de Dieu (c'est à dire esprit créé par Dieu), est donc venu pour leur révéler leur origine céleste et pour leur montrer le moyen de retourner au ciel. Ainsi, le Christ est uniquement l'envoyé du Père venu porter le message du salut aux hommes. Il n'est pas, comme pour les catholiques, le rédempteur du péché. Il n'a donc pas souffert la Passion et il n'est pas mort sur la Croix, car son corps charnel n'est qu'une apparence. De même Marie, un autre esprit venu lui prêter assistance dans sa tâche, ne l'a jamais enfanté.

La différence fondamentale entre catharisme et catholicisme porte sur le fait que, pour les premiers Dieu subit le mal pour lequel il ne punit personne alors que pour les seconds, Dieu subit le mal et punit les pécheurs.

Les cathares du Moyen-Âge partagent l'essentiel de leurs croyances et les légères variantes observées (absolus ou dyarchiques et mitigés ou monarchiques) n'avaient pas de répercussions à l'époque.

Les principales croyances des cathares étaient donc :

  • Le dualisme qui comprend deux principes : le monde matériel et corruptible a été créé par Satan sous l'influence du principe mauvais. Ce monde de mélange procède donc du mal ; seul l'esprit et le monde parfait et éternel ont été créés par Dieu.
  • L'esprit était soit transmis par génération depuis le premier homme (traducianisme), soit par transmigration dans un nouveau-né après la mort (réincarnation, origénisme).[3]
  • La christologie : Jésus, premier ange (également appelé fils de Dieu), ne s'est pas réellement incarné mais a pris l'apparence d'un homme avec l'aide d'un autre ange Marie. La christologie est inspirée par le docétisme.
  • Les cathares reconnaissaient un ou deux principes, selon qu'ils étaient « monarchiens » ou « dyarchiens », « mitigés » ou « absolus ». Les cathares absolus pensaient que le principe du Mal ne pouvait trouver son origine dans le principe du Bien. Autrement dit, représentant le Bien absolu, Dieu ne pouvait avoir créé un ange corruptible (Lucifer). Pour les dualistes absolus, les deux principes, donc le Bien et le Mal, coexistent depuis la création divine puisque c'est hors de cette création qu'il se trouve.
  • C’est uniquement par le Saint-Esprit que l'esprit peut être libéré du monde physique, et c’est par le baptême par imposition des mains, reçu par les apôtres et transmis par eux, que l’esprit pourra accéder au salut. Toutefois, hormis une exception et peut-être quelques cas isolés supplémentaires, le baptême ne pouvait être effectué sur un jeune enfant (moins de 13 ou 14 ans)- car jugé inapte à discerner l'importance de cet acte (anabaptisme). Celui-ci devait être effectivement accompli en connaissance de cause et sur la base de la conviction.
  • Il est à noter le respect inconditionnel de la vie qu'avaient et que prêchaient les Bons Chrétiens (ainsi qu'ils se nommaient à l'exclusion de toute autre appellation). Tout ce qui avait place dans le monde matériel méritait, pour eux, considération. C'est notamment pourquoi ils observaient un régime alimentaire très strict. Cela induisait une grande tolérance pour la nature humaine. Comme l'enseignait le Christ, ils se gardaient bien de juger, mais avaient à cœur de mener leurs contemporains sur la voie du salut afin d'écourter, un tant soit peu, leurs cycles de passage en ce monde.

Pratiques, sacrements et rites [modifier]

Refus de l’orthodoxie [modifier]

Les cathares, se considérant alors comme les seuls vrais disciples des apôtres, adoptent le modèle de vie, les rites et les sacrements, des premières communautés chrétiennes. Ils s'appuient principalement sur les enseignements du Nouveau Testament, leur unique prière étant le Notre Père. Ils considèrent que toutes les pratiques et sacrements instaurés par l'Église catholique romaine tout au long du Haut Moyen Âge, n’ont aucune valeur :

  • le sacrement du baptême d'eau que les prêtres catholiques confèrent aux nouveau-nés (incapables selon eux de comprendre l'engagement qu'est le baptême pour celui qui le reçoit) ;
  • la médiation des saints et le culte des reliques et des morts (offrandes et messes pour les défunts) ;
  • le sacrement de l'Eucharistie : refusant de croire en la transsubstantiation, c'est-à-dire la transformation du pain et du vin devenant le corps et le sang du Christ lors de leur consécration par le prêtre lors de la messe. En mémoire de la dernière Cène du Christ avec ses apôtres, les cathares bénissent le pain lors du repas quotidien pris avec leurs fidèles. C’est le rituel du « pain de l’Oraison ».
  • le sacrement du mariage, celui-ci légitimant à leurs yeux l'union charnelle de l'homme et de la femme, union à l'origine du péché du premier couple selon leur interprétation de la Genèse.

De même que dans certains courants de l'Église chrétienne primitive, l'idéal cathare est basé sur une vie ascétique, alors que le sacrement du mariage aurait été créé tardivement afin de permettre aux fidèles d'être chrétiens dans le mariage, leur donnant la possibilité d'accéder au salut sans suivre la voie monastique.

Ils n'attachent pas d'importance aux églises bâties qui ne sont pas pour eux les seuls lieux du culte car la parole du Christ peut être enseignée partout où se réunissent les fidèles.

Leur seul sacrement est le baptême, ou consolament.

Le consolament [modifier]

Le sacrement du consolament (consolation, en occitan du latin consolamentum) ou « baptême d'esprit et du feu » par imposition des mains, comme pratiqué par le Christ, est le seul à apporter le salut en assurant le retour au ciel de la seule partie divine de l'homme : l'esprit. Il met en contact l'esprit divin de l'homme et le Saint-Esprit, lui permettant de reconnaître sa nature divine et d'accéder au salut. Ce sacrement joue un rôle fondamental dans les communautés cathares car il est à la fois sacrement d'ordination et de viatique (extrême-onction), alors appelé « consolament des mourants ».

Le consolament est conféré par un membre de la hiérarchie et engage celui qui le reçoit dans une vie religieuse qui, comme toute ordination, suppose la prononciation de vœux et le respect d'une Règle : pratique de l'ascèse, abstinence de toute nourriture carnée, la pratique de la morale évangélique : interdiction de jurer, de mentir, de tuer. Il fait d'un croyant cathare un Bon Homme ou une Bonne Dame, membre du clergé, prédicateur, capable d'apporter lui-même le consolament aux mourants.

Il était donc aussi administré aux mourants qui en faisaient la demande, c'est-à-dire aux simples croyants qui n'avaient pas franchi le pas de l'ordination durant leur vie, mais souhaitaient rencontrer le Saint-Esprit, leur donnant une chance d'accéder au salut, avant de mourir. Les prières des parfaits après la mort du consolé pouvaient durer encore quatre jours, et si le mourant survivait, il devait alors embrasser la vie de parfait avec les contraintes associées.

La vie des « parfaits » et « parfaites » [modifier]

Travail manuel et vie communautaire [modifier]

Étant ordonnés, les parfaits entrent dans un ordre religieux, mais sans sortir du siècle. Ils sont en effet astreints au travail manuel pour vivre, ce qui leur donne un avantage considérable pour leur prédication, en les maintenant au contact de la population qu'ils vont chercher à convertir. Cela leur rapportera également, tout simplement, l'argent du produit de leur travail, argent qui leur permettra par exemple de se déplacer et, avec les dons et les legs, de créer les conditions de l'existence d'une hiérarchie. Par contre la pauvreté personnelle était prescrite.

Les cathares vivaient dans des « maisons de parfaits », intégrées aux villes et aux villages, qui leur permettaient de rencontrer la population et de prêcher, et leur servaient d'atelier. Des jeunes y étaient envoyés par leurs parents simples fidèles ou déjà ordonnés, pour leur formation en vue de leur propre ordination.

Tout parfait rejoignait une maison de parfaits, et y travaillait de ses mains, y compris par exemple les nombreuses épouses nobles et leur progéniture qui firent partie des rangs des cathares. Le sacrement de mariage n'étant pas reconnu, elles se séparaient simplement de leur mari, généralement lui-même simple croyant.

Le consolament des mourants pouvait être conféré dans les maisons des parfaits, dans laquelle le consolé était transporté et mourait.

Lorsque vint le temps des persécutions, les parfaits durent se cacher chez des fidèles, mais ils y payèrent toujours leur nourriture par le travail manuel, plus le prêche et l'enseignement.

Vie apostolique [modifier]

Se rapprochant des premiers chrétiens, les cathares croyaient que le salut passait par une vie de religion. Ils étaient astreints à la chasteté, et devaient constamment aller par deux personnes du même sexe : chacun avait son sòci, ou compagnon, ou sa sòcia, pour les femmes. Cette prédication au coin du feu de deux personnes de même sexe conduira à l'accusation de bougrerie (homosexualité) fréquemment enregistrée dans les registres de l'Inquisition. En réalité, cette façon de vivre toujours au moins à deux tenait à la conviction que l'esprit seul ne peut éviter de se fourvoyer alors qu'avec - au moins - un compagnon ou une compagne, les errements sont plus faciles à combattre.

Ils ne devaient pas mentir, s'abstenir de tout vice, de toute méchanceté, être simplement de Bons Chrétiens selon les Évangiles, ce qui conduisit inévitablement à l'édification des chrétiens, bien que le catharisme touchât essentiellement une population bourgeoise ou noble, sauf dans la dernière période. Les parfaits ne devaient évidemment pas tuer, mais cela s'appliquait également aux animaux.

L'interdiction de mentir, ainsi que l'interdiction de jurer, fut largement utilisée par les inquisiteurs pour identifier et pourchasser les bons chrétiens.

Ils devaient s'abstenir de toute consommation de produits de la fornication. En cela ils s'interdisaient toutes viandes (excepté le poisson) ainsi que le lait et les produits dérivés. On pense que la consommation du poisson était liée à la méconnaissance des phénomènes de reproduction de ces animaux (à vérifier).

Le jeûne était de pratique courante mais, le jeûne le plus strict prévoyait du pain et de l'eau. L'endura, qui servit à accuser les bons hommes de suicide, est en fait un jeûne suivant le consolament et qui a pu conduire certains bons chrétiens à la mort pendant l'inquisition en raison de situation particulières (mourants ou blessés consolés in extremis). En aucun cas les cathares ne validaient le suicide, pas plus que toute autre mort donnée volontairement.

Dernière obligation faite surtout aux hommes : la prédication. Les parfaits devaient prêcher le salut par l'ordination du consolament et la morale évangélique. Cette prédication se faisait dans les maisons ateliers, mais également étant invités par des fidèles ou sur la place publique.

Finalement, trois carêmes annuels étaient pratiqués.

La fin du mouvement cathare [modifier]

Causes de la persécution [modifier]

Leur obstination, leur anticléricalisme intransigeant, leur opposition à la hiérarchie catholique, à laquelle ils reprochent sa richesse ostentatoire et ses abus de pouvoir, valent aux cathares de s'attirer les foudres de l'Église romaine, d'autant plus que leur mépris pour le corps et leur conception nihiliste de l'existence étaient perçus comme éminemment dangereuse. Ils sont condamnés comme hérétiques. Ainsi que beaucoup d'autres mouvements dissidents ou contestataires, les cathares deviennent l'objet d'une lutte permanente. L'Église romaine tente d'en "purifier" la chrétienté occidentale en excluant systématiquement tout individu ou groupe mettant en péril le projet de société chrétienne qu'elle construit depuis le début du Xe siècle. Un critère qui sera souvent utilisé est leur refus du mariage, qui permettra de les nommer orgiaques et impies. Une prière des confréries corses porte toujours une mention de cette réputation de "satanales", lorsqu'elle dit, "chandeliers triangulaires aux cierges éteints", écho des vices qui se pratiquaient prétendument dans les églises, une fois les cierges soufflés, et qui renvoie à toutes les peurs de la sorcellerie, des messes noires, etc.

Les tentatives d'éradication de l'hérésie par la prédication [modifier]

Illustration de la dispute entre Saint Dominique et des Albigeois, où les livres des deux parties furent jetés au feu, et où ceux de Saint Dominique furent miraculeusement préservés des flammes. Peinture par Pedro Berruguete.

L'Église catholique confie aux cisterciens, au XIIe siècle, puis, avec plus de succès, au XIIIe siècle, aux ordres mendiants (aux franciscains et au nouvel ordre des dominicains, ayant reçu leur constitution en 1216) le soin de combattre ce danger de l'hérésie. Les cathares sont difficiles à convaincre. La prédication ou le débat doctrinal instaurés à cette fin dans le Midi de la France par l'Église tourne court pour le moment, malgré la prédication de Saint Dominique, qui fut par la suite mise en valeur par l'Eglise.

La croisade contre les Albigeois [modifier]

Icône de détail Article détaillé : croisade des Albigeois.

Prétexte : expliquer l'assassinat du comte de Castelnau.

Face à cet échec de faire disparaître cette hérésie, le pape Innocent III lance en 1208 contre les « Albigeois », ou cathares, la première croisade qui se déroulera sur le territoire de la chrétienté occidentale. Avec la Croisade contre les Albigeois, il s'agit pour l'Eglise de mater une hérésie, mais aussi en partie, pour le pouvoir central de la royauté française, de soumettre les Seigneurs du Sud, ses vassaux trop indépendants. Néanmoins Philippe Auguste, le Roi de France, ne voudra jamais participer personnellement à cette croisade, mais il laissera ses vassaux libres de toutes actions. La guerre durera vingt ans (12091229). Il faut savoir que les domaines que tenaient le comte de Toulouse étaient d'une richesse enviable. Simon de Montfort, un seigneur ambitieux, prit la tête des troupes levées par le Pape et réussit à mettre à son nom tous les titres et possessions du Comte de Toulouse, Raymond VI, comme le lui permettait la croisade.

La lutte armée se poursuivit dans le Midi tout au long du XIIIe siècle, relayée plus tard par l'institution de l'Inquisition, créée en 1231 pour traquer la « dépravation hérétique ». Ajouter ici le sort de la première croisade,la reprise du pouvoir par le Comte de Toulouse, la remise des titres de propriété au Roi de France par le successeur de Guillaume de Monfort, la deuxième croisade à laquelle participe le roi de France, et l'annexion des territoire du Sud Ouest à la couronne de France.

La tâche de l'Inquisition fut facilitée par le refus du serment que pratiquaient les cathares. Ainsi, lorsqu'un inquisiteur interrogeait un parfait, les plus convaincus étaient faciles à détecter. Les inquisiteurs (surtout les Dominicains) notaient soigneusement tous les interrogatoires et ainsi tous les Bons Hommes furent l'un après l'autre arrêtés suite, souvent, aux révélations de leurs pairs. De plus, un cathare ne pouvait être sacré que par un parfait et les mourants ne pouvaient recevoir l'Absolution (consolamentum des mourants) que des mains d'un parfait. Que ce soit une tactique determinée ou pas, l'Inquisition, en faisant disparaître le clergé cathare, fit disparaitre le culte avec lui.

Le sac de Béziers La ville de Béziers abritait des cathares ; elle était tenue par les Trencavel, vassaux des comtes de Toulouse - excommuniés par le pape en raison de leur trop grande tolérance envers les Cathares. La mémoire Biterroise conserve une place particulière à une date pendant cette période: le 22 juillet 1209. Ce jour-là, la Croisade des Albigeois, contre les Cathares, se traduisit par le sac, l’incendie de Béziers et le massacre de sa population en l'église de La Madeleine. On l’a baptisé « Lo gran mazel » (« la grande boucherie »)

Le moine allemand Césaire de Heisterbach (dont Régine Pernoud précise qu'il est un auteur "peu soucieux d'authenticité") relate dans son Livre des Miracles qu'il écrit dix ans après les faits, qu'Arnaud Amaury, le légat du pape, à qui on demandait comment différencier les Cathares des bons catholiques de Béziers pour les épargner, déclara « Tuez les tous, Dieu reconnaîtra les Siens. » Ne figurant dans aucune autre source, la phrase est certainement apocryphe.

Les cathares en Corse [modifier]

Icône de détail Article détaillé : Giovannali.

[réf. nécessaire]Une récente théorie affirme que le mouvement cathare a gagné l'Italie, puis la Sardaigne, vers les années 1330 et de là serait remonté vers la Corse, où une communauté se serait installée dans la région de Carbini et d' Aurone. (Carbini est cité en 1464 par le chroniqueur corse Giovanni della Grossa : " POLO et ARRIGO ... se retirèrent à Carbini ... ils formèrent une confrérie ... les membres s'appelaient les Giovannali". Selon la tradition, rapportée par Alexandre Grassi, né en 1836, le village d'Arone (et non Aurone), aurait été fondé par les Giovannali) [réf. nécessaire] Là, mettant au défi les systèmes politiques et constituant comme partout ailleurs un noyau de révolte, dans ces temps très troublés de maladie et de pauvreté, le succès du mouvement va le conduire à sa perte.

La troupe envoyée par le pape se joint à la population locale, et extermine les Giovannali, nom que se donne la communauté. Le massacre final, copiant sinistrement celui de Montségur, ayant lieu sur la punta de Carbini, où trente fidèles sont brûlés. L'église de Saint-Quilicu étant abandonnée, le village rasé. Prosper Mérimée, lors de sa visite de 1866 fait rebâtir la chapelle de Saint-Jean-Baptiste, à côté des ruines arasées du premier édifice.

À Orone, les grottes dans lesquelles vivaient les Giovannali ont servi encore aux maquisards à échapper aux Allemands durant la seconde guerre mondiale. On a dit injustement que les rites orgiaques et l'impiété de cette communauté ont été responsables de son destin. C'est davantage dans la menace politique qu'ils représentaient qu'il faut trouver la véritable explication. D'autres chercheurs estiment que les Giovannali sont une branche de la dissidence franciscaine sans lien avec le catharisme.

Bibliographie [modifier]

Recherche historique [modifier]

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  • Jean Duvernoy, Le Catharisme Tome 1 - La Religion des Cathares, Editions Privat
  • Jean Duvernoy, Le Catharisme Tome 2 - L'Histoire des Cathares, Editions Privat
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  • Michel Roquebert, Les Cathares 1244-1329: De la chute de Montségur aux derniers bûchers, Editions Perrin
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  • Giusinia, Della Grossa, Montéggiani, Ceccaldi, Filippini, Histoire de la Corse, Stampéria Sammarcelli, 2000
  • Julien Théry, "Cléricalisme et hérésie des bons hommes : l'exemple d'Albi et de l'Albigeois (1276-1329)", dans L'anticléricalisme en France méridionale (milieu XIIe-début XIVe siècle). Cahiers de Fanjeaux 38 (2003), p. 471-508.
  • Julien Théry, "L'hérésie des bons hommes. Comment nommer la dissidence religieuse non vaudoise ni béguine en Languedoc ? (XIIe-début du XIVe s.)", dans Heresis 36-37 (2002), p. 75-117.
  • Julien Théry, "Les 'cathares', une histoire qui blesse", dans Midi-Pyrénées Patrimoine, 3, 2005, p. 84-85. Texte disponible sur le site halshs
  • Christine Thouzelier, Catharisme et valdéisme, Marseille : Lafitte Reprints ISBN 2-7348-0026-8 (Réimpression de l'édition de Paris, 1965)
  • Monique Zerner, dir., L'histoire du catharisme en discussion : le "concile" de Saint-Félix (1167), Nice : Centre d'Études Médiévales, 2001.
  • Monique Zerner-Chardavoine (présenté par), La Croisade albigeoise, Paris : Collection Archives Gallimard, Julliard.
  • René Weiss, Les derniers cathares 1290 - 1329, Paris, Fayard, avec préface d'Emmanuel Leroy Ladurie

Romans historiques [modifier]

Autres Écrits cathares [modifier]

  • 1930, découverte et publication de textes originaux, par Antoine Dondaine o.p. La dogmatique des origénistes l'est par un Livre des deux principes italien de la première moitié du XIIIe siècle, et par un fragment latin de la fin du XIIe siècle de provenance occitane
  • Le rituel cathare est attesté en occitan et en latin, ainsi qu'en vieux slavon pour un fragment.
  • L'historiographie est faite à partir de documents inquisitoriaux, lus en négatif et de l'étude plus précise des sources connues et publiées depuis longtemps.
  • Histoire des cathares, par Michel Roquebert, coll. Tempus, éditions Perrin, janvier 2006, ISBN 978-2262018948
  • La tragédie Cathare par Georges Bordonove, Editions Pygmalion ISBN 2-7242-6773-7
  • Histoire des Albigeois par André Nataf, Editions Pierre Bordas ISBN 2-86311-169-8
  • Pour une critique historiographique: Les cathares et l'Histoire par Philippe Martel, Editions Privat ISBN 2-7028-7047-3

Notes et références [modifier]

  1. Jean Chélini, Histoire religieuse de l'Occident médiéval, Pluriel, 1991, p. 420.
  2. Histoire des cathares par Michel Roquebert - Ed.Perrin - 1999
  3. J. Duvernoy, La religion des cathares, Toulouse, 1989, p. 93-97, 114-115. R. Poupin, "De métempsycose en réincarnation, ou la transmigration des âmes des temps cathares à nos jours", in Catharisme, l'édifice imaginaire, Carcassonne, coll. Heresis, 1998? p. 145-164.

Voir aussi [modifier]

Liens internes [modifier]

Liens externes [modifier]


wikt:

Voir « catharisme » sur le Wiktionnaire.


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